Ah, Gobbledigook… Rien que le nom évoque un doux mélange de chaos, d’absurdité et d’un humour qui aurait pu être écrit par un gobelin en pleine crise existentielle. Pour ceux qui ont eu la chance de feuilleter les White Dwarf des années 1980, cette bande dessinée était une pépite d’humour absurde, un petit interlude de folie niché entre des articles de règles complexes et des guides de peinture détaillés.
Car soyons honnêtes : à cette époque, Games Workshop était en pleine expansion, les univers de Warhammer et Warhammer 40,000 prenaient de l’ampleur, et les joueurs commençaient à prendre leur hobby très au sérieux. Mais heureusement, il y avait Gobbledigook, ce vent de fraîcheur qui nous rappelait qu’au fond, tout cela restait un immense terrain de jeu où des gobelins idiots pouvaient s’entre-tuer pour une pierre magique qui n’avait aucune utilité.
Une BD Pas Comme les Autres
Créée par Lew Stringer, Gobbledigook a commencé à apparaître dans White Dwarf en 1986, et pendant quelques années, ces gobelins ont illuminé les pages du magazine avec leur humour burlesque et leurs péripéties aussi absurdes qu’inattendues.
Contrairement aux Thruds et autres parodies guerrières qui parcouraient aussi White Dwarf, Gobbledigook était un concentré de gags visuels et de non-sens. Les protagonistes ? De petits gobelins crétins, dotés d’un sens de la survie comparable à celui d’un lemming en quête d’une falaise.
Là où les héros traditionnels rêvent de gloire et de fortune, les gobelins de Gobbledigook se contentaient de survivre à leurs propres idioties, ce qui, en soi, était déjà un exploit.
Les Gags : Entre Générosité et Auto-Déstruction
Les strips de Gobbledigook étaient souvent muets, basés sur des expressions exagérées et des situations ridiculement improbables. Vous pouviez vous attendre à voir :
• Un gobelin essayer d’ouvrir un coffre piégé avec les dents, et découvrir qu’il contenait… un autre gobelin encore plus idiot.
• Une horde de gobelins se battant pour une dague magique, pour finalement se rendre compte qu’elle n’était qu’un cure-dent.
• Un gobelin essayant de chevaucher une araignée géante et découvrant, un peu tard, que ce n’était pas une monture docile, mais un prédateur affamé.
• Un gobelin, victime de sa propre invention, une catapulte improvisée qui l’envoyait droit dans la bouche d’un troll en pleine sieste digestive.
Les scénarios étaient imprévisibles, absurdes, et souvent ponctués de morts brutales, ce qui, avouons-le, reste une constante dans la vie d’un gobelin moyen.
Le Style Visuel : L’Art du Chaos Organisé
L’une des forces de Gobbledigook, c’était son style graphique immédiatement reconnaissable.
• Des dessins simples mais expressifs : Les gobelins avaient des têtes énormes, des yeux exorbités et des expressions de panique permanente, ce qui renforçait leur allure perpétuellement malchanceuse.
• Des arrière-plans minimalistes : Pas besoin d’un champ de bataille épique ou d’un palais elfe millénaire – une grotte miteuse ou une taverne en ruine suffisaient à installer le décor parfait pour les catastrophes gobelines.
• Un humour universel : Pas besoin de connaître les règles de Warhammer pour apprécier Gobbledigook. Les gags étaient visuels, rapides et souvent inspirés des meilleures traditions du cartoon slapstick (du genre où quelqu’un prend une enclume sur la tête et survit quand même).
Pourquoi On Aimait Tant Gobbledigook ?
En pleine explosion du jeu de rôle et du wargame dans les années 80, les joueurs étaient plongés dans des règles complexes, des stratégies millimétrées et des livres de règles aussi épais qu’un grimoire nain. Et puis, au milieu de tout ça… il y avait Gobbledigook.
C’était un rappel salvateur que l’univers de Warhammer n’avait pas besoin d’être toujours sérieux, qu’il y avait encore de la place pour l’humour, la bêtise et le chaos incontrôlé des gobelins.
Les gobelins de Gobbledigook, c’était nous, les joueurs maladroits qui oubliaient une règle essentielle en pleine partie et qui finissaient par envoyer leur armée à une mort ridicule. C’était cette figurine que nous avions soigneusement peinte, pour la voir se faire pulvériser dès le premier tour du jeu. C’était notre capacité légendaire à rater tous nos jets de dés au pire moment possible.
Que Restera-t-il de Gobbledigook ?
Aujourd’hui, Gobbledigook n’est plus publié depuis des décennies, et pourtant, son héritage reste intact. Il a prouvé que même dans les univers de fantasy les plus brutaux, il y avait toujours une place pour le ridicule et l’absurde.
Si vous avez la chance de mettre la main sur de vieux White Dwarf des années 80, prenez le temps de retrouver ces strips et de vous replonger dans cet humour déjanté. Gobbledigook nous rappelle que, parfois, il ne faut pas trop réfléchir, qu’il suffit d’apprécier une bonne blague visuelle et de savourer le plaisir simple d’un gobelin qui se prend un rocher en pleine tête.
Et qui sait, peut-être qu’un jour, les gobelins de Gobbledigook referont surface… Si quelqu’un parvient à survivre assez longtemps pour raconter leur histoire.
En attendant, buvez un hydromel à leur mémoire, et souvenez-vous : si vous croisez un gobelin dans une ruelle sombre… il est probablement déjà en train de se mettre dans un pétrin inimaginable. 😆