par Olivier


Il y a des vidéos qui claquent comme une porte qu’on aurait trop longtemps laissé entrebâillée. Celle d’AS Miniature, intitulée “GAMES WORKSHOP A ENCORE TUÉ MES ARMÉES ! FINIT LES FIGURINES CHÈRES MAIS VALABLE À VIE !”, c’est exactement ça : un coup de gueule salvateur, une bouteille d’acide jetée sur la façade trop lisse d’un géant devenu aveugle à sa propre communauté.


Et franchement, je suis à 100 % d’accord. AS Miniature pose les mots justes sur ce que beaucoup d’entre nous ressentaient depuis des années, mais que l’on taisait, un peu comme une infection dans un coin du hobby : Games Workshop a trahi l’idée même du wargame durable.



La vidéo en détail : la colère d’un passionné, et la voix de nombreux vétérans


Dans sa vidéo, AS Miniature revient avec amertume sur la disparition progressive d’armées entières du catalogue officiel. Des factions qui ont coûté des centaines d’euros, des heures de montage, de peinture, de conversions, de discussions animées dans les magasins… et qui se retrouvent aujourd’hui réduites à l’état de figurines “Legends” : jouables, mais sans avenir officiel, ni support, ni nouvelles règles. En somme : des reliques.


La douleur est d’autant plus vive que ces armées ne sont pas “vieilles” ou “oubliées” : ce sont souvent des gammes récentes, encore belles, encore pertinentes, parfois même pas rééditées une seule fois depuis leur sortie. Elles disparaissent non pas par nécessité, mais par choix stratégique, par logique de renouvellement artificiel du stock. Un joueur qui achetait une armée en 2020 croyait encore à une valeur à long terme. En 2024 ? Il se rend compte qu’il a acheté du lait périmé vendu au prix du caviar.


Et là, AS Miniature claque la phrase qui résume tout :


“Finit les figurines chères mais valables à vie.”



Un hobby de plus en plus mercenaire


Franchement, fallait pas être grand clerc pour le voir venir. Et ça se confirme, à plus forte raison dans une époque où le consommateur moyen s’est transformé en véritable catin du capitalisme : docile, impatient, et toujours prêt à tendre la carte bleue pour sa dose de dopamine plastifiée.


C’est devenu la norme : acheter une boîte, se ruer sur la méta, jouer trois parties, et vendre la faction dès qu’elle n’est plus au sommet du food-chain. GW l’a bien compris : il ne s’agit plus de créer des jeux, mais de produire du contenu jetable, consommable, oubliable. Comme des playlists Spotify, mais avec de la résine et du plastique dur.


Et le plus déprimant dans tout ça ? C’est qu’on a longtemps accepté. Parce que “c’est comme ça”, parce que “au moins c’est beau”, parce que “c’est pas pire que les autres jeux”. Tu parles.



Le mythe de l’équilibrage et l’arnaque des Codex


Perso, je refuse de lâcher un seul centime dans cette boîte. Nada. Pas un sou.

Parce qu’en plus du cynisme mercantile, tu as le soi-disant “équilibrage”, cette vaste blague répétée à l’envi par des community managers à l’enthousiasme artificiel. Un bon exemple ? Les Custodes en ce moment. Tu joues mal, tu fais des jets de dés à peine corrects, et malgré tout tu plies la partie en quatre tours. C’est pas une armée, c’est un rouleau compresseur avec des paillettes.


Le problème n’est pas que certaines armées soient fortes. C’est qu’elles soient prévues pour l’être, au bon moment, pendant quelques mois, le temps de vendre quelques milliers de boîtes et hop : on rééquilibre avec la finesse d’un marteau-pilon.



Des joueurs interchangeables


Et pendant ce temps, t’as toute une horde de petits joueurs girouettes qui changent de faction comme de slip, au gré de la méta du moment. Zéro attachement à l’univers, aucune figurine peinte avec amour, aucun socle texturé au sable du jardin. Non, juste des listes copié-collé depuis les forums, le tout joué avec des figs gris plastique encore chaudes de la grappe.

(Attention, je parle pas des vrais collectionneurs, hein. Eux, ce sont des artistes. Des passionnés. Des héros.)



Un miroir pas très flatteur


Le plus désolant dans l’histoire, c’est que Games Workshop n’est jamais que le reflet de sa communauté. Et quand tu regardes cette communauté… ben, disons que le miroir est bien craquelé.


Ce n’est plus un hobby, c’est un marché de la spéculation affective. On n’achète plus parce qu’on aime une faction, mais parce qu’elle “tient la table” ou qu’elle “aura du support dans le prochain Index”. Tu te rends compte qu’on parle de figurines comme de valeurs boursières ? Ce n’est plus un jeu, c’est le CAC 40 de l’Empyrean.



Petite leçon d’histoire : le vrai jeu, c’était hier


C’était mieux avant, oui. Clairement. Et pas juste parce que j’étais plus jeune et plus naïf. J’ai connu ça dans les MMO aussi. Pour te situer : j’ai commencé sur Asheron’s Call en 1999. Un jeu magistral, profond, rugueux, où la méta ne dictait rien, parce qu’il n’y en avait pas vraiment. Pas de vocal, pas de “builds optimisés”, pas de guides YouTube. Juste toi, ton perso, et un monde dans lequel tu t’immergeais jusqu’à oublier le dehors.


Mais en approchant 2010, tout a basculé. Optimisation, rentabilité, communautés toxiques, Discords compulsifs… et j’y ai contribué, hein. À 18-20 ans, je faisais partie des tryharders avides de loot et de reconnaissance numérique. Parce que c’est ça aussi, ce besoin désespéré d’exister à travers une “réussite” virtuelle.



Un naufrage en fanfare


Alors est-ce la faute des éditeurs ? Des joueurs ? Franchement, c’est une collab toxique bien rodée. Une dégénérescence à deux têtes où tout le monde applaudit pendant que le bateau coule.


Et Games Workshop, capitaine du rafiot, vend des billets premium pour la dernière place sur le Titanic. Bravo les artistes. Vraiment.



 https://www.youtube.com/watch?v=zSWoHpve7j4&t=1146s

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