par Asphodel

Des songes obscurs… Des visages étranges et des cris… Cela fait maintenant plusieurs mois que des rêves insensés tourmentent les rêves d’Eria. Tout a commencé lorsqu’un marchand qu’elle avait protégé, un marchand et sa caravane. Celui-ci, particulièrement généreux, avait fait don à Eria d’une superbe armure, légère et protectrice, et n’ayant besoin d’aucun ajustement. Une circonstance bien étrange mais profitable pour la jeune mercenaire !


Seulement, elle se souvient qu’il cachait son visage derrière un masque et sa langue semblait siffler tel un serpent… Un bien étrange personnage. Mais plus le temps passait, plus il lui était difficile de se souvenir de ces évènements.


Au rythme de son oubli ne faisait que grandir la clarté de ses songes, plus précis, plus stables. Elle voyait les visages de ses proches, de son village, et un grand malheur se projetait à l’horizon. Elle le sentait désormais, l’appel des siens se faisait de plus en plus fort. Comme si la terre du nord rappelait son enfant. Eria n’y résista qu’un temps.


Prenant place dans un navire pirate se dirigeant dans la zone, elle prit la mer aussitôt. Pendant son voyage, elle s’était interrogée. Cela faisait des années qu’elle avait quitté son clan dans la lointaine Norsca pour devenir pirate, puis mercenaire en Tilée. Était-ce les Dieux qui lui soufflaient le besoin irrésistible de venir les sauver ? Cette préoccupation perpétuelle dura, entrecoupée des péripéties dont seule la mer a le secret. Et après un long périple, les côtes rocheuses et glacée de la Norsca furent en vue d’Eria. 

Le voyage le long de ses cotes la faisait replonger dans son enfance, elle se souvenait de tous ceux qui l’avaient entouré, de la douceur des feux comme de la morsure du froid et les loups. Rêveuse de cette époque passé, elle n’avait même pas remarqué qu’il lui était de plus en plus difficile de retirer son armure. Comme si elle devenait aussi habituelle que sa propre peau.


C’est alors qu’elle l’aperçu enfin, planté sûr au bout d’une petite plage de sable se tenait son village. Tout était la, sa maison était encore visible, chaque pierre, chaque bout de bois étaient encore là. Mais tout était silencieux. La peuplade autrefois vivante était aussi silencieuse qu’un tombeau. Et seule une silhouette se dessinait au milieu de ce vide.


Sur la berge l’attendait son amie d’enfance, Oddleif, devenue la Shamane du village après la mort de son père. Elle prit Eria dans ses bras aussi chaleureusement que possible et la guida au milieu du silence seulement interrompu par le bruit des vagues et les questions d’Eria. Une fois à l’intérieur d’une maison Oddleif lui raconta tout. Comment le clan avait succombé à un étrange mal qui avait décimé la moitié de la population. Et comment les tensions internes avaient déchiré les familles et fait couler le sang.


Pendant cette période trouble, Oddleif avait vu Eria dans une série de vision. Et bien vite elle avait prophétisé son retour, comme celle qui, portée par le dieu serpent, mènerait ce qui reste de son peuple vers un grand destin. Mais bien peu écoutèrent ses paroles, et le clan fut déserté, certains ayant attendu avant de finalement partir après plusieurs semaines.

Le clan n’existait désormais plus, les derniers représentant ne représentait plus une grande force. Ou plutôt les dernières, des hommes du village, il ne restait personne. 


Désarçonné par la nouvelle de la mort des siens, Eria raconta alors ses rêves a son amie autour d’un feu. Les yeux d’Oddleif semblèrent briller d’une compréhension occulte. C’est alors que le reste du village entra dans la bâtisse, la chasse avait été étrangement bonne, et la surprise de l’arrivée d’Eria se répandit rapidement. 


Le grand hall se vit illuminé dans la nuit et l’alcool qui restait fut sorti pour l’occasion. Là ou certaines voyaient en son arrivée une raison de foi, d’autres étaient simplement heureuses de voir un visage familier après de nombreuses tragédies. Eria raconta ses périples dans la lointaine Tilée et tous se racontèrent leurs histoires comme pour rattraper un temps désormais perdu.


Ce soir-là, Eria pu s’endormir auprès des siens, bien qu’elle ne sache pas quoi penser de tout cela, un destin ? Les Dieux ? Le commandement de ce qui reste ? C’était beaucoup de choses à avaler.


Mais ce qui marqua beaucoup plus Eria était la présence de certaines d’entre elles comme changée, portant de lourdes armures de plaques sombres. Elles semblaient avoir passé un cap que beaucoup de guerriers n’auraient jamais franchis. Oddleif rassurant alors Eria en lui disant que ses femmes avaient été envoyées en pèlerinage au nord après plusieurs visions, et qu’elles étaient revenues après l’épidémie, plus fortes encore pour défendre le groupe.

par Olivier

L’Émissaire et le Gardien


Le soleil d’Ulthuan se levait doucement, baignant les tours argentées d’Avelorn d’une lumière dorée. Elyria, jeune suivante d’Alarielle, ajusta sa cape ornée de motifs d’or et serra sa lance avec une nervosité contenue. Bien que l’honneur de sa mission l’emplisse de fierté, une part d’elle ne pouvait ignorer la crainte qui naissait à l’idée de quitter le sanctuaire paisible d’Avelorn. Ce matin-là, elle partirait pour parcourir un monde qui, d’après les récits des anciens, était aussi cruel que fascinant.


Près des grandes portes du sanctuaire, Fyndrel, un apprenti guerrier des Lions Blancs de Chrace, attendait en silence. Sa grande hache reposait sur son épaule, et sa cape  drapait sa silhouette imposante. Le jeune elfe mâchonnait des bribes d’amertume, songeant à ce qu’aurait pu être son destin. Chasser un lion blanc et gagner sa place parmi les guerriers légendaires de Chrace: voilà ce qu’il espérait. Au lieu de cela, il avait été missionné par Khoril, le maître des Lions Blancs, pour escorter une jeune suivante inexpérimentée à travers les contrées dangereuses du Vieux Monde.


«Alors, c’est toi qui dois veiller sur moi?» demanda Elyria en s’approchant timidement, son arc d’Avelorn bien ajusté dans son dos.


Fyndrel la dévisagea, ses yeux plissés trahissant son scepticisme. «Oui, c’est moi. Mais ne t’attends pas à ce que je te tienne la main. Je suis là pour m’assurer que tu ne trébuches pas sur une racine ou que tu ne te perdes pas dans une forêt. Rien de plus.»


Elyria esquissa un sourire nerveux. «Je ne suis peut-être pas encore une guerrière aguérie , mais je ne suis pas complètement inutile, tu sais.»


Fyndrel grogna, mais ne répondit pas. Il se détourna et fit signe qu’il était temps de partir. Leurs pas résonnèrent sur les pavés du sanctuaire, et bientôt, les deux jeunes elfes franchirent les portes d’Avelorn, laissant derrière eux la protection bienveillante de leur terre natale.


Un Monde Étranger


Les premières semaines de voyage hors des terres elfiques furent une épreuve pour Elyria. Elle découvrit rapidement que son entraînement en Avelorn ne l’avait pas préparée aux réalités brutales du monde extérieur. Les routes étaient dangereuses, les nuits glaciales, et les regards méfiants des humains qu’ils croisaient lui donnaient une désagréable impression de vulnérabilité. Pourtant, elle notait chaque détail, chaque rencontre, dans un carnet qu’elle comptait transmettre à Alarielle à son retour.


Fyndrel, de son côté, se révélait être un compagnon taciturne mais efficace. Bien qu’il grognât souvent sur son rôle d’escorte, il veillait discrètement sur Elyria, repoussant les menaces avant qu’elles ne deviennent un problème. Bandits, bêtes sauvages, et même un petit groupe d’hommes-bêtes furent tenus à distance par sa grande hache.


Une Alliance Forcée


Un soir, alors qu’ils campaient à la lisière d’une forêt dense, Elyria tenta de briser la glace. «Tu sembles si en colère contre moi. Qu’ai-je fait pour mériter ton mépris?»


Fyndrel, qui affûtait sa hache, s’arrêta un instant. «Tu n’as rien fait. C’est ça, le problème. Je devrais être dans les terres sauvages de Chrace à chasser un lion blanc, prouvant que je mérite ma place parmi les Lions. Au lieu de ça, on m’a envoyé… ici. À marcher à côté d’une érudite maladroite.»


Elyria fronça les sourcils. «Et tu penses que c’est facile pour moi? Je ne suis qu’une novice, envoyée dans un monde que je ne connais pas pour accomplir une mission bien au-delà de mes capacités. Mais je le fais parce que ma Reine l’a demandé. Je le fais parce que je crois que cela a un sens.»


Fyndrel la fixa un moment, puis haussa les épaules. «Peut-être que nous sommes deux à ne pas être à notre place.»


Pour la première fois, un mince sourire se dessina sur son visage.


Un Premier Test


Le lendemain, leur camp fut attaqué à l’aube par une meute de loups monstrueux, leurs yeux brillants de malveillance. Elyria, pétrifiée au début, se ressaisit et saisit sa lance. Sous la pression, elle parvint à tenir tête à l’une des bêtes, sa formation lui revenant en mémoire. Fyndrel, de son côté, fit preuve d’une férocité digne des Lions Blancs, abattant les créatures avec une précision mortelle.


Lorsque le calme revint, Fyndrel s’approcha d’Elyria, qui, haletante, fixait son arme tachée de sang. «Pas mal, pour une érudite.»


Elle sourit, fatiguée mais fière. «Et toi, tu es peut-être plus qu’un guerrier grognon.»


Vers de Nouveaux Horizons


Leur mission ne faisait que commencer, mais quelque chose avait changé entre eux. Une alliance naissait, forgée dans le feu des batailles et le défi des chemins qu’ils parcouraient. Ensemble, ils allaient découvrir le monde et, qui sait, peut-être prouver à eux-mêmes qu’ils étaient plus capables qu’ils ne le pensaient.


Car dans le Vieux Monde, les jeunes et les inexpérimentés n’avaient pas le luxe de rester tels qu’ils étaient. Ils devaient grandir, ou périr. Et ni Elyria ni Fyndrel n’étaient prêts à abandonner.




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